Back to nature : Comment nous invitons la nature chez nous (et à quel point elle nous le rend bien)

Back to nature : Comment nous invitons la nature chez nous (et à quel point elle nous le rend bien)

29.09.2020 Eclairage d’expert

Accélérateur de tendances, la Covid-19 a propulsé, pour certains et en quelques mois, la France en 2025. Parmi les questions soulevées, émergeait celle-ci : “comment apprendre à mieux vivre chez soi ?”

Alors que notre façon d’habiter évolue constamment, notamment face à l’urgence écologique et au récent confinement, nous nous questionnons de manière exponentielle sur notre habitat et notre bien-être. Dans son rapport de 2019 intitulé Le logement du futur, le cabinet de conseil BCG définit des critères d’inspirations et d’aspirations de l’habitat rêvé : sain, eco-friendly, flexible, abordable, partagé et design… ces variables pourraient composer seules ou ensemble la maison de demain. Cet été, nous avons pris le temps d’en évoquer les possibles solutions lors de nos conversations atypiques

L’une d’elle consistait à se reconnecter à la nature. Dedans, dehors, l’habitat fait corps avec elle. C’est le sujet de notre thématique actuelle, à retrouver sur nos réseaux sociaux : Back to the nature, ou comment la nature s’invite chez nous et nous fait du bien. Un bien-être qui s’étend également hors du logement pour s’immiscer au bureau, où 13% des salariés déclarent se sentir mieux lorsque les éléments naturels les entourent.

 

Un nouveau rapport au logement et le besoin de mieux vivre

Trop petit, trop étroit, pas assez de nature, pas assez lumineux… Le confinement a mis en exergue des problématiques face auxquelles nous étions parfois aveugles. Lors de cette période, l’Idheal (Institut des hautes études pour l’action dans le logement), a réalisé une étude afin de comprendre le rapport des Français à leur logement. Alors que pour 58% d’entre eux l’habitat leur a permis de mieux vivre le confinement, 11% y ont vu un facteur aggravant.  En cause ? Le manque de nature, d’espace et de lumière. Les chiffres sont clairs : 16% avaient besoin de se rapprocher de la nature et 14% de disposer d’un extérieur. D’ailleurs, un chiffre peut en cacher un autre : selon l’institut de sondage Odoxa ce même pourcentage se retrouve non pas dans les besoins mais dans le réel : 14 % des Français ne peuvent profiter ni d’un jardin, ni d’une terrasse, ni d’un balcon.

Parallèlement aux 11% de Français ayant rejoint la campagne pour se confiner, comment se rapprocher de cette nature sans devenir un nomade du logis ?

 

Ramener le naturel chez soi

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Le monde est le témoin d’un nouvel engouement : la nature résonne au cœur des villes et des immeubles. Pour dire : même la Chine, connue pour son urbanisation croissante, connaît actuellement un boom des immeubles végétalisés où plantes tropicales côtoient le béton froid de la métropole, la contemplant depuis les balcons rectangulaires des tours du malheureux et condamné quartier du « Jardin forestier de Qiyi City », à Chengdu, dans le centre du pays, récemment envahi par les moustiques et vidé de ses habitants. Ce qui n’empêche pas la province du Jiangsu d’investir dans cette mouvance. La France, quant à elle, (re)découvre « le besoin de naturel » pour l’importer chez soi, à l’image de sa voisine italienne, et plus précisément de la ville de Milan, qui abrite la forêt tropicale, « Bosco verticale » de l’architecte Stefano Boeri. Le concept ? Deux tours d’immeubles abritant mélèzes, cerisiers, pommiers, oliviers, hêtres, positionnés en fonction de leur résistance au vent et de leurs préférences en matière de luminosité ou d’humidité. Le but ? Isoler naturellement et apporter de l’air pur.

En parlant d’air, on admet souvent qu’il est symbole d’espace, de respiration, et par capillarité, de lumière. L’étude Idheal confirme que les Français adhèrent à cette idée de liberté psychique et physique : ils rêvent de plus d’espace et de plus de lumière. 10% d’entre eux en voudraient davantage, de concert avec les 9% qui insistent sur l’importance d’une meilleure isolation phonique et/ou thermique. Mais comment concrétiser cette volonté ?

Un élément de réponse est apporté par l’agence Lacaton et Vassal au cœur de Bordeaux. Dans la mythique salle du Grand Parc, une façade vitrée permet, à l’intérieur du cœur de ce petit Zénith, aux habitants de jouir d’une lumière intérieure plus forte, plus présente et plus diffuse. Ces chantiers intègrent de plus en plus la nature à l’équation, et tentent d’impulser ce changement de paradigmes au logement. 

Côté confection et construction, n’oublions pas le design naturel et l’écoconception : la liste des matériaux entre également en compte. On remarque aujourd’hui une progression dans ce domaine via l’utilisation de béton de chanvre par exemple, accompagné de briques recyclables et de plâtre anti-pollution. De quoi réduire l’impact de notre habitat sur l’environnement et donner une sensation de nature, et une nouvelle respiration.

Ces tendances se concrétisent par l’utilisation de l’organique, de l’animal ou du végétal. Et ça donne des envies : selon une étude Kantar, 18% des Français souhaitent adapter leur logement en lançant un projet de rénovation. Au même moment, les achats pour la maison et le jardin ont bondi : 46% se sont focalisés sur les fleurs, arbres et graines. Pourquoi ? Parce qu’intégrer le vivant et l’organique dans ses intérieurs apporte réconfort et bien-être. Un élément à ne pas prendre à la légère en période de crise sanitaire.

 

S’inspirer de l’architecture vernaculaire pour répondre à la crise (à son échelle individuelle) ?

Viavino - CC Pays de Lunel

Selon la grande enquête 2020 d’Arte sur les questions sociétales, qui prendra fin en décembre 2020 : 20% des Français ont changé quelque chose dans leur maison par conviction écologique. Un chiffre qui épouse ceux de l’étude CSA réalisée au mois de mai 2020 : 94% des Français souhaitent continuer d’investir dans leur maison et 21% envisagent même d’augmenter ce budget. 

A l’heure où la technologie est un des éléments de réponse à cette course au mieux, nombreux misent sur un autre type d’habitat « performant » pour répondre à la crise… à leur manière. Sans grande ébauche technologique, l’architecture vernaculaire est l’une des inspirations actuelles. Il s’agit d’habitations conçues avec des matériaux naturels et locaux. Raphaël Ménard, patron d’Arep, cabinet d’architecture et d’ingénierie de la SNCF, indique dans une interview donnée au magazine Le Point que les nouvelles constructions « utiliseront prioritairement les matériaux biosourcés locaux, le bois notamment, matière renouvelable par essence. L’architecture sera simple, facilement réparable et transformable par ses usagers pour s’adapter aux secousses et aux transformations de ce siècle décidément imprévisible. L’architecture sera aussi la capsule de repli, l’abri confortable et résilient, doté de systèmes techniques simples, parfois redondants, afin de garantir son autonomie de fonctionnement, y compris dans une situation dégradée ».

D’ailleurs, certains constructeurs et bailleurs s’en inspirent déjà. A Sevran par exemple, le projet Grand Paris « Cycle Terre », transforme depuis 2018 les terres excavées du Grand Paris en briques pour ériger 300 à 400 logements en terre crue.

Une vague de conception qui donne également à réfléchir au futur de l’habitat… de son habitat ?

 

Imaginaire et conviction au rendez-vous des nouveaux projets

Au mois de mars, l’illustratrice Pénélope Bagieu lance sur les réseaux sociaux le concept de la CoronaMaison. L’idée ? Réinventer l’habitat confiné en utilisant la méthode du cadavre exquis. Aujourd’hui, 1470 personnes se sont prises au jeu de cette initiative, et cette maison est donc devenue un immeuble de 1470 étages. Surprise : c’est aussi un immeuble avec beaucoup, beaucoup de nature.
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Et s’il était possible de (vraiment) bâtir le logement rêvé ?

De tous les possibles, la maison devient et est envisagée graduellement comme une extension de sa personnalité… et son engagement, sa volonté de vivre différemment. Preuve en est de l’avènement des Tiny houses, ces petites maisons designées pour l’efficience, mais aussi les sphères de l’habitat nomade et maisons écologiques façon Earthship, domespace ou « géonef », logements bioclimatiques réalisés à partir de matériaux recyclés et autonomes en énergie et en eau. Alors qu’une maison est généralement choisie en fonction de paramètres établis et linéaires, ces dernières reflètent les convictions, les personnalités… voire les engagements politiques. La tendance liée à ces logements et modes de vie alternatifs démontre de plus en plus fortement le besoin de vivre en harmonie avec la nature.

S’il fallait une preuve supplémentaire, le projet open source WikiHouse, né à l’été 2011, qui permet à chacun de designer et construire sa maison tout en démocratisant la conception durable des logements et des ressources. Un phénomène tel que des géants du mobilier imaginent des partenariats inspirés  de ce concept.

 

Des collaborations libres de droit aux idéaux politiques en passant par la refonte de la ville et le simple fait de respirer, la nature s’immisce plus que jamais dans l’habitat, et devient ainsi le symbole d’un nouveau cycle où bien-être et solidité architecturale s’imbriquent… et donnent un nouveau souffle à ceux qui les côtoient.

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